Dr Bounhir BOUMEHDI
Dans l'hôpital avancé monté dans les zones sud du Royaume et équipé avec la dernière technologie en radiologue, le jeune médecin militaire, récemment affecté, débutait une journée marquée par les histoires de ces patients sahraouis, dont certains voyaient pour la première fois de leur vie, un médecin.
Un matin, il accueillit Fadma, une femme de quarante cinq ans, qui a du faire des dizaines de kilomètres à dos de chameau, pour atteindre l'hôpital.
Fadma était nerveuse à l'idée d'exposer ses seins à un homme, aussi médecin soit-il.
Ses seins que même cheikh Ahmed, son mari, n'a jamais aperçus ou touchés.
"Je n'ai jamais vu un tel appareil, A Ssi Lahkim. Cela fait-il mal?" demanda-t-elle avec inquiétude.
Dr Abdellah, avec une doigté imparable fait appel à son assistante, l'infirmière Hadda et la responsabilise de rassurer Fadma.
"Non, Fadma. Ce sera rapide et indolore. Pensez à quelque chose de beau, comme les troupeaux de chameaux qui rapportent dattes et bijoux".
Beaucoup d'eau ont coulé sous les ponts et les caravanes ont cessé de sillonner le sahara, Dr Abdellah, depuis, installé dans le ville des corsaires qui jouxte la capitale du Royaume, voit défiler les "images de la vie" non radiologiques, incrustées dans sa mémoire.
Il pensa à Hassan, un jeune ingénieur, qui avait survécu à un grave accident de voiture.
Ses examens de radiologie avaient montré des fractures multiples, mais son esprit était intact.
Hassan avait partagé avec lui ses plans de créer une startup de technologie médicale pour améliorer les diagnostics.
"Grâce à vous, je peux encore rêver," lui avait-il dit un jour, sa détermination illuminant son visage malgré les cicatrices.
Un autre souvenir qui marque dr Abdellah était celui de Layla, une étudiante en médecine venue pour un scanner cérébral après des migraines persistantes.
Layla, originaire d'un village berbère, avait travaillé dur pour arriver à Rabat.
En observant les images, Dr Abdellah avait détecté une tumeur bénigne. "Vous allez devenir une grande doctoresse, Layla," avait-il dit pour encourager la jeune femme, qui étais d'ailleurs très mignonne.
Dr Abdellah se souvenait également de Rachid, un pêcheur de Mahdia, qui venait pour un contrôle après une opération sur son genou.
Rachid avait l’habitude de raconter des histoires de mer pendant ses séances de radiologie. "La mer est capricieuse, comme la santé," disait-il en souriant.
Sa dernière visite avait été une célébration, l’imagerie montrant une guérison complète.
Au fil des années, Dr Abdellah avait tissé des liens profonds avec ses patients, chaque interaction devenant une leçon d'humanité.
Un jour, une jeune fille, Sara, vint pour une échographie.
Elle était enceinte de son premier enfant et venait de Tifelt
En voyant l'image du fœtus, elle éclata en sanglots de joie. "C’est mon petit trésor," murmura-t-elle.
Ces histoires, ces vies croisées, rappelaient au Dr Abdellah, la beauté de son métier.
Dans chaque image médicale, il voyait plus qu’un diagnostic : il voyait la résilience et l'espoir pour des jours meilleurs.
Il sourit, se tourne vers son ordinateur et continue de rédiger le compte rendu radiologique de l'examen que viens de lui transférer son technicien de radiologie.
D'autres images... d'autres histoires humaines.