Dr BOUMEHDI Bounhir
Médecin radiologue
Estimation de l'âge osseux des vivants, la maltraitance infantile, l'imagerie des traumatismes cranio-cervicaux, la balistique lésionnelle, l’imagerie médicale comme alternative à l’autopsie, sont les principaux axes qui seront débattus lors des 1ère Journées Francophone d’Imagerie Médico-Légale, qui se dérouleront à Paris en octobre 2017 et auxquelles va participer une délégation de radiologues marocains. Le manque de médecins légistes et l’augmentation du nombre des demandes d’expertise médico-légale non satisfaites, vont-elles pousser à l’utilisation de l’imagerie médicale comme une alternative ou tout simplement comme un complément à l’autopsie ?
Car, aujourd’hui, le Scanner et IRM apportent une aide précieuse aux conclusions des légistes. C’est dorénavant une technique prometteuse et complémentaire de l'autopsie traditionnelle. Ainsi, les progrès obtenus grâce aux différentes imageries médicales modernes pour les vivants vont-elles révolutionner la médecine légale pour les morts, et permettre d'éviter nombre d'autopsies invasives «classiques»?
Une récente étude de médecins britanniques, publiée dans la revue The Lancet, estime que l'utilisation du scanner 3D et de l'imagerie à résonance magnétique (IRM) pourrait réduire significativement le nombre d'autopsies standards. L'étude a porté sur 182 autopsies, prises au hasard, et a comparé les conclusions de trois types d'études différentes : soit un scanner, soit une IRM, soit une autopsie traditionnelle. Conclusion, écrivent le professeur Ian Roberts et ses collègues, «l'imagerie a pu identifier les deux tiers des causes de décès soumises au médecin légiste, le scanner étant plus performant que l'IRM pour identifier la cause de la mort chez l'adulte».
Ces outils d'imagerie sont très intéressants, mais resteront dans la grande majorité des cas des examens supplémentaires contributifs à l'établissement et à la conservation de la preuve. La « virtopsie », ou autopsie virtuelle, a de belles perspectives dans les années à venir. Un premier indicateur, en Grande-Bretagne où l’autopsie est un acte fréquent (22% des décès), un hôpital de Manchester s’est doté d’un équipement IRM entièrement dédié à des examens post mortem. Dans cet hôpital, désormais seuls 10% des cas examinés par IRM font ensuite l’objet d’une autopsie.
Cependant, si l’imagerie médicale s’est largement imposée dans la prise en charge diagnostique et thérapeutique des patients, son intérêt et sa place exacts en médecine légale, en plein essor, restent à préciser et à confirmer et c’est un des principaux objectifs visé par les premières journées de l’imagerie médico-légale de Paris 2017.
Acte barbare voire archaïque pour certains, indispensable pour d’autres, l’autopsie est une intervention souvent mal vécue par les familles et par certaines communautés religieuses. L’imagerie médicale sera-t-elle l’alternative ?