Dr Bounhir BOUMEHDI
Médecin-radiologue
Dans une guerre sans merci contre le trafic de drogues, les criminels ne cessent d'innover, mais les avancées en imagerie médicale leur répondent coup pour coup.
Parmi les méthodes les plus insidieuses utilisées par les cartels, le recours à des "mules" avalant des capsules de drogue est en augmentation.
Et, il y'a plusieurs formes de Mules, voir notamment ce courageux film de Clint Eastwood qui porte le titre " La Mule " (2018).
On parle de " Syndrome de la mule" lorsque le corps devient passeur de drogues
Ces capsules, soigneusement dissimulées dans le tractus digestif, traversent les frontières, passant inaperçues aux yeux des autorités.
Mais la radiologie moderne, avec ses technologies de pointe, s'est armée pour démasquer ces stratagèmes.
Radiographies : le premier bouclier
La radiographie, cette technique d'imagerie classique, reste une première ligne de défense redoutable.
Les rayons X traversent le corps humain et révèlent des silhouettes inattendues dans l'abdomen.
Ces capsules de drogue, souvent remplies de substances illicites compactées, se distinguent nettement des tissus environnants par leur densité différente.
Les radiographies, rapides et accessibles, permettent ainsi de déceler en un instant des objets étrangers qui ne devraient pas se trouver là.
Le silence d'une image devient alors un cri d'alarme.
Le scanner : une vue de l'intérieur
Mais lorsque le doute persiste, les professionnels de santé passent au niveau supérieur : le scanner.
Cette technologie avancée offre une visualisation en coupe du corps humain, avec une précision chirurgicale.
Les capsules, qu'elles soient dissimulées dans l'estomac ou dispersées le long de l'intestin, se dévoilent sous l'œil perçant du scanner.
Grâce à des reconstructions en trois dimensions, les experts peuvent même estimer le nombre de capsules et leur contenu probable, déjouant ainsi les tentatives de camouflage les plus sophistiquées.
L'IRM : la suprématie de l'imagerie par résonance magnétique
Pour une approche encore plus fine, l'imagerie par résonance magnétique (IRM) entre en scène.
Bien que moins couramment utilisée dans la détection de drogues, son potentiel reste inégalé pour identifier des matériaux non métalliques ou des objets encapsulés dans des substances organiques.
Avec l'IRM, aucune capsule, même dissimulée au sein des tissus mous, ne peut échapper à la vigilance des professionnels de santé.
Les contrastes, révélés par la manipulation des champs magnétiques, trahissent la présence de ces dangereux passagers clandestins.
Ultrasonographie : le défi de l'invisible
Moins intrusive, mais tout aussi efficace, l'échographie se déploie pour les cas spécifiques.
Lorsque les autres méthodes ne sont pas disponibles ou présentent des contre-indications, l'échographie prend le relais.
Utilisant des ondes sonores pour cartographier les organes internes, cette technique non ionisante est particulièrement précieuse pour les examens répétés.
Bien que moins précise pour les matériaux denses, elle demeure une alliée de taille dans la détection de mouvements anormaux dans le tractus digestif, indiquant la présence d'un corps étranger.
Une bataille technologique en évolution constante
Le combat contre le trafic de drogue ne se limite pas aux frontières physiques, mais s'étend désormais aux frontières de l'invisible.
Les avancées en imagerie médicale repoussent les limites du possible, exposant les stratagèmes des criminels.
À mesure que les trafiquants perfectionnent leurs méthodes, la radiologie se perfectionne elle aussi, traquant les capsules de drogue avec une détermination sans faille.
Grâce à la radiologie et à l'imagerie médicale, le monde dispose d'une arme puissante pour éclairer les ténèbres du trafic de drogue.
L'exploitation des gamins comme mules
Récemment, une gamine de 11 ans a été hospitalisée dans la ville de Cali, dans l'ouest de la Colombie, pour lui extraire les 104 capsules de drogue qu'elle avait ingurgitées.
Cette petite a servi de "mule" à des trafiquants de drogue.
Elle a eu une intervention chirurgicale et on a extrait au total 104 capsules, dont le contenu est actuellement examiné pour connaître le type de stupéfiants qu'elles contenaient
Cette mineure devait servir de "courrier humain" ou de "mule" pour le transport de la drogue vers l'Europe dans des capsules contenant selon les estimations entre 500 et 600 grammes.
C'est une instrumentalisation de l'utilisation de manière perverse de cette mineure par des adultes qui se servaient d'elle pour transporter la drogue de Colombie vers un autre pays.