Par Dr BOUMEHDI Bounhir
Médecin-Radiologue

Dans un monde médical en perpétuelle évolution, les examens radiologiques demeurent des alliés précieux pour surveiller la croissance et la santé globale des enfants.

Mais à quelles étapes de l’enfance ou de l’adolescence faut-il réellement y recourir ?

Quels sont les examens utiles, non invasifs, et porteurs de diagnostic pertinent ?

Car il ne s’agit pas d’imposer une panoplie d’examens à tous les enfants, mais d’adopter une démarche raisonnée, éclairée par le bon sens clinique, le contexte familial et l’expertise du corps médical.

1. L’âge osseux :

Radiographier le temps qui passe

La radiographie de la main et du poignet gauche reste le gold standard pour estimer l’âge osseux.

Elle permet de situer l’enfant sur l’échelle de la maturation squelettique, précieuse notamment en cas de retard de croissance, de puberté précoce ou au contraire tardive.

Entre 6 et 15 ans, cet examen peut guider une prise en charge endocrinologique ou pédiatrique sur mesure.

2. Scoliose et courbures vertébrales :

Surveiller la colonne en pleine poussée de croissance

À l’adolescence, et plus particulièrement chez les filles, la scoliose idiopathique peut s’installer insidieusement.

Une radiographie du rachis permet de visualiser la déviation, d’en suivre l’évolution et de décider d’une éventuelle prise en charge orthopédique.

Un geste simple, à fort impact préventif.

3. Les douleurs articulaires ne sont pas toujours bénignes

Une échographie des hanches ou des grosses articulations s’impose lorsqu’un enfant se plaint de douleurs persistantes.

L’image peut révéler un épanchement articulaire, une inflammation ou une pathologie de croissance.

C’est un outil de choix pour orienter le diagnostic sans irradiation, rapide et accessible.

4. L’échographie abdomino-pelvienne, l’indispensable en cas de doute

Troubles urinaires, douleurs abdominales chroniques, anomalies du développement pubertaire : l’échographie abdomino-pelvienne est souvent la première à lever le voile sur une malformation rénale, une masse ovarienne, ou un trouble endocrinien.

Elle est simple, non invasive, et d’une richesse diagnostique étonnante.

5. Le thorax sous surveillance : un cliché, pas une routine

La radiographie thoracique doit rester une exploration ciblée.

Dans certains contextes — infections récidivantes, suspicion de malformation cardiaque ou pathologie pulmonaire — elle apporte des réponses immédiates.

Mais elle ne saurait être systématisée sans raison valable.

6. L’IRM cérébrale : quand les symptômes interpellent

Des céphalées rebelles, un retard pubertaire, une croissance ralentie inexpliquée… peuvent justifier une IRM du cerveau, en particulier de la région hypothalamo-hypophysaire.

Sans rayons X, cet examen d’imagerie de pointe permet de visualiser des structures fondamentales à la régulation hormonale et neurologique.

7. Orthodontie : voir plus loin que les dents

Avant la pose d’un appareil dentaire, deux examens sont clés : le panoramique dentaire et la téléradiographie de profil.

Ils permettent au spécialiste d’évaluer les dents incluses, la croissance des maxillaires et la structure du visage.

Dès 8–9 ans, un bilan orthodontique peut éviter bien des complications.

8. Le cœur des enfants mérite aussi un regard échographique

Un souffle cardiaque, une syncope ou des palpitations ne doivent jamais être banalisés.

L’échocardiographie cardiaque permet d’examiner en temps réel le fonctionnement du cœur de l’enfant, de détecter d’éventuelles malformations congénitales ou de rassurer les parents.

9. Densitométrie osseuse : utile mais pas systématique

Réservée aux cas particuliers — maladies chroniques, traitement corticoïde prolongé, retard de croissance sévère — la densitométrie permet d’évaluer la solidité du squelette.

Elle n’est pas indiquée chez tous, mais peut s’avérer capitale dans certaines pathologies.

L’imagerie médicale, un outil au service d’une croissance harmonieuse

Recourir aux examens radiologiques chez l’enfant doit être le fruit d’une réflexion médicale, jamais d’un automatisme.

Ils doivent éclairer une suspicion, confirmer un diagnostic, ou orienter une prise en charge adaptée.

Dans cette quête de santé et de vigilance bienveillante, les parents ont besoin d’être informés, rassurés et accompagnés.

Et les médecins, d’agir avec discernement, en plaçant toujours l’enfant au cœur de leurs décisions.