Dr Bounhir BOUMEHDI / Médecin Radiologue
Apport du scanner dans le dépistage du cancer du poumon, de l’IRM dans les maladies mentales et dans le diagnostic de l’endométriose, ainsi que de l’imagerie pluridisciplinaire dans l’infertilité masculine sont les principales nouveautés des Journées Francophones de Radiologie (JFR) tenues le 8 octobre 2022 à Paris et dont les principales répercussions sur les patients sont attendues en 2023.
Le compte rendu succinct d’un radiologue marocain qui a été présent lors de cette session internationale de formation continue en radiologie.
Les apports de l’IRM dans le diagnostic de l’endométriose
Pour Pr Isabelle Thomassin de l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) a déploré les retards de diagnostic dont font l’objet les femmes touchées par l’endométriose. « L’imagerie médicale est capable, depuis une vingtaine d’années avec l’IRM, d’identifier ce type de lésions, a-t-elle précisé ».
C’est une vraie nécessité que les radiologues soient mieux formés à cette pathologie.
La Société Française d’imagerie de la Femme (SIFEM) a notamment travaillé sur un compte rendu structuré afin que l’information médicale soit reproductible.
Des procédures de cryothérapie de paroi sont également réalisables en radiologie interventionnelle pour traiter l’endométriose
L’imagerie médicale moderne capable de réaliser un diagnostic différentiel parmi les maladies psychiatriques
L’imagerie médicale dédiée à la psychiatrie a également été des JFR 2022.
D’ailleurs, un récent rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) chiffre à un milliard le nombre de personnes atteintes d’une maladie mentale dans le monde. « Les maladies psychiatriques représentent quelque 15% des pathologies aujourd’hui, avec une forte morbidité, et donc des coûts importants pour la société, a remarqué Pr Jean-Pierre Pruvot, radiologue au CHU de Lilles qui a piloté cette thématique aux JFR 2022.
« Aujourd’hui on peut apporter un diagnostic différentiel avec l’IRM. Celle-ci nous permet d’identifier par exemple, des symptômes provoquant la schizophrénie ou les troubles bipolaires. », précise l’étude présentée lors des JFR 2022.
Un parcours personnalisé en imagerie pour diagnostiquer l’infertilité masculine
D’autres sujets de Santé publique ont été développés lors des JFR 2022. Citons notamment l’infertilité masculine. Si cette pathologie est considérée comme un problème de santé publique en France, elle ne l’est encore pas au Maroc. Les traitements modernes de l’infertilité sont essentiellement dans le secteur libéral marocain. La médecine universitaire et la santé publique sont encore à la traîne dans ce domaine.
Pour Pr Laurence Rocher de AP-HP, « Le parcours de soins des hommes infertiles est un peu le parent pauvre des pathologies sexuelles, car ce problème est souvent découvert par les gynécologues, ce qui est paradoxal.
La création d’un parcours personnalisé en imagerie pluridisciplinaire, incluant le biologiste, le radiologue et l’uro-andrologue au sein d’un centre de PMA pourrait sécuriser la prise en charge de l’infertilité des couples ». C’est une piste à creuser au Maroc.
Le scanner low dose enfin validé pour le dépistage du cancer du poumon
Pour le dépistage du cancer du poumon. « Les études anglo-saxonnes réalisées sur le sujet depuis bientôt dix ans montraient, selon la Haute Autorité de Santé (HAS), de nombreux faux positifs, ce qui l’a contrainte de pas les valider, déclare le Pr Marie-Pierre Revel de l’hôpital Cochin, qui est responsable de ce projet au sein de la SFR. Mais depuis l’étude Nelson, le dépistage du cancer du poumon par scanner low dose a obtenu un consensus notamment du Conseil européen qui a édité des recommandations de bonnes pratiques sur ce thème.
Ce dépistage sera encore amélioré grâce à l’intelligence artificielle.