Il faut rappeler que la balistique est une science multidisciplinaire qui permet l’étude de l’expulsion d’un projectile hors d’une arme et de sa trajectoire immédiate, selon des lois de la physique et des formules mathématiques précises. La balistique met aussi en jeu des notions de biologie et de médecine lors de la pénétration du projectile dans un corps humain. Car, le traumatisme balistique est la conséquence du transfert d’énergie d’un projectile sur l’organisme. Il faut également rappeler que la connaissance de notions élémentaires de la balistique lésionnelle apporte une aide précieuse au chirurgien et au réanimateur dans l'évaluation de la gravité potentielle d'une lésion. Et si, il y a longtemps les traumatismes balistiques étaient exclusivement réservés de la chirurgie de guerre, aujourd’hui, la disponibilité en temps de paix des moyens de diagnostic moderne ( radiologiques...) a permis de faire évoluer la stratégie de prise en charge de ces lésions par balles. Et l’augmentation des crimes commis par balles sous nos cieux, impose le développement d’une véritable expertise nationale aussi bien sur le plan diagnostique que thérapeutique.
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Plaies par tir de balles: L’imagerie médicale au service de la balistique
Dr Bounhir BOUMEHDI
Médecin radiologue
Quelle est la place de l’imagerie médicale dans la prise en charge initiale des traumatismes balistiques, principalement les plaies par balle ?. Plusieurs travaux scientifiques se sont intéressés à cette problématique médicale, d’autant plus que les agressions et les crimes par armes à feu, se sont multipliées ces derniers temps aussi bien sur le plan national qu’international.
Une étude Française récente ayant porté sur 83 patients victimes d’une plaie par balle au cours d’émeutes a montré que tous les cas colligés des blessés, le pronostic vital n’était pas en jeu. Et toutes les victimes de tirs de balles ont été explorées par des radiographies standard et/ou une échographie et/ou un scanner (TDM).
L’étude a conclu que l’âge moyen des blessés était de 26 ans. Toutes les plaies étaient uniques. L’atteinte des membres étaient la plus fréquente dans 75,5 % des cas. Le tronc est touché dans 19,5 %. Deux plaies au niveau du rachis, deux à l’étage crânio-encéphaliques et une plaie au niveau du massif facial. Des radiographies standard ont objectivé 32 cas de fractures ouvertes dont 95 % se situaient au niveau des membres inférieurs. Vingt et un blessés par balles ont eu un TDM qui a permis d’objectiver la trajectoire de la balle et de faire un bilan lésionnel. La confrontation des données du Scanner à celles constatées pendant l’opération chirurgicale et durant la surveillance a montré que le scanner est très performant pour le diagnostic des épanchements pleuraux (masse liquidienne probablement du sang dans la plèvre, l’enveloppe qui couvre les poumons). De même pour les plaies vasculaires, thoraciques et des organes pleins ainsi que les lésions cérébrales et du massif facial. Cependant, l’imagerie médicale a une faible sensibilité pour le diagnostic des lésions d’organes creux (estomac, intestin, ...)
Elle ressort de cette étude, que le TDM est très utile dans la prise en charge initiale des blessés par balles stables. Il permet d’objectiver la trajectoire de la balle et de faire un bilan lésionnel précis.Les radiographies standard sont incontournables pour les lésions des membres inférieurs et du rachis.