Dr BOUMEHDI Bounhir
Médecin radiologue
Qu’en est-il au Maroc de la prévention du cancer du sein par la pratique d’examens relativement sophistiqués, notamment l’IRM et le dépistage génétique ? Quelle est la position des médecins spécialistes, cancérologues et radiologues ? Le Maroc dispose-t-il d’une plateforme technique adaptée pour la réalisation de ces examens hautement spécialisés ? Nos généticiens marocains sont –ils formés ? y-a-il suffisamment d’équipements IRM aux besoins? Et les organismes gestionnaires de la santé au Maroc (ANAM, CNOPS, CNSS et Assurances), pourront-ils s’engager dans cette voie ? Le débat est ouvert
Il faut rappeler qu’à l’occasion de l’ablation de ses 2 seins dans le but d’éviter un cancer, annonçait, Il y a quelques années, par l’actrice Angelina Jolie, mondialement connu, le monde entier découvrait alors les gènes BRCA1 et BRCA2.
Car, une mutation de ces gènes augmente considérablement le risque d’avoir un cancer du sein ou de l’ovaire, même avant 40 ans. En France par exemple, 2 femmes sur 1000 seraient porteuses de ces mutations et donc exposées à développer un cancer du sein ou de l’ovaire.
A travers le monde, dans la pratique médicale d’aujourd’hui, la détection de ces gènes de prédisposition est proposée uniquement aux femmes (malades ou pas) dont l’histoire familiale retrace un risque génétique ou à celles qui, sans antécédent particulier, ont développé un cancer du sein avant 40 ans.
Dans le cas de l’actrice Américaine, Angelina Jolie, sa mère et sa grand-mère étaient mortes jeunes d’un cancer du sein. De ce fait, elle a effectué à un test de dépistage de prédisposition génétique, qui a révélé qu’elle était porteuse de la mutation.
Dans le cadre de son symposium annuel, qui s’est déroulé en France, fin 2017, l’association française des femmes prédisposées génétiquement aux cancers du sein (BRCA France), a plaidé pour l’amélioration de l’accès aux tests mais aussi un élargissement des indications.
De son côté, Pr Pascal Pujol, président de la Société française de médecine prédictive, annonce qu’une simple mise en place d’un suivi régulier par IRM, il est fort probable qu’une femme sur quatre porteuses de la mutation aura la vie sauve.
L’association Française, a rappelé que le dispositif actuel de dépistage a certes permis d’identifier près de 25 000 personnes porteuses de prédispositions génétiques aux cancers du sein et de l’ovaire liés aux gènes BRCA1 ou BRCA2 mais que 100 000 autres personnes concernées par ce risque l’ignorent encore.
En France, plus de 60.000 tests ont été réalisés ces trois dernières années, avec une augmentation de la demande de 70 % dans les consultations d’oncogénétique en charge de faire cette recherche. Et ils ont beaucoup de mal à faire face à la demande. Cela en sachant que le coût du test est de l’ordre de 1500 euros. Enfin, une question s'impose, le test BRCA est-il disponible au Maroc et à quel coût?