Dr BOUMEHDI Bounhir
Médecin Radiologue
Durant la dernière décennie, la mortalité par cancer du sein a diminué de moitié par rapport à ce qu’elle aurait été en l’absence de dépistage précoce et de traitement ciblé. Cette évolution est liée étroitement au développement de différentes options thérapeutiques pour traiter le cancer du sein ainsi qu’à l’affinement des techniques de l’imagerie médicale. Des progrès dont ont bénéficié les femmes à travers le monde. Ces conclusions scientifiques proviennent des résultats de travaux dirigés par l‘Université de Stanford (États-Unis) et publiés dans la prestigieuse revue médicale JAMA. Pour arriver à ses résultats, les chercheurs américains ont fais appel à des modélisations mathématiques très complexes.
L’arrivée de nouvelles molécules anticancéreuses, l’avènement de l’hormonothérapie, les possibilités thérapeutiques offertes grâce à la combinaison de différents protocoles, l’usage des traitements ciblés et leur personnalisation sont pour beaucoup dans l’analyse des caractéristiques de chaque tumeur pour déterminer le meilleur traitement pour chaque malade.
La modélisation mathématique sus-citée et grâce aux données précises de la mammographie numérique 2D a permis d’arriver à d’autres résultats, notamment, la réduction de mortalité hormonodépendants détectés chez les femmes plus âgées. Car, d’évolution plus lente, ces tumeurs peuvent être dépistées avant que leur volume ne devienne trop important. Et c’est tout l’enjeu du dépistage: repérer précocement les lésions cancéreuses afin d’éviter une prise en charge lourde pouvant entraîner des séquelles.
Ainsi avec l'avènement du numérique, les experts pense qu’une nouvelle page s’ouvre dans la prise en charge des cancers du sein. Par exemple en France, plus de 95% des mammographies réalisées aujourd’hui sont numériques. Cette technique améliore la qualité de l’image et offre la possibilité de retravailler les clichés, ce qui permet d’explorer des seins denses, notamment chez les jeunes femmes, et de repérer davantage de cancers infiltrants, difficilement accessibles par d’autres techniques de radiologie.
En plus, cette technique est plus fine et n’irradie pas plus les femmes, car par rapport à la mammographie analogique, le médecin radiologue a la possibilité de réaliser moins de clichés. Les femmes sont donc moins exposées aux rayons.
Et le progrès techniques ne s’arrête pas, avec le développement d’un nouveau prototype de mammographie numérique, qui porte le nom de tomosynthèse. Au jour d’aujourd’hui, les autorités sanitaires internationales n’ont pas encore autorisé son usage systématique. Ils partent du postulat qu’il existe une grande hétérogénéité entre les appareils et la grande variété des conceptions de ces systèmes conduit à une variabilité en termes de qualité des images et de doses de rayon émis en fonction de l’épaisseur du sein. En tous les cas, durant le deuxième trimestre de 2018, les sociétés scientifiques françaises de radiologie ont prévues des réunions de concertation avec l’Agence nationale de sécurité du médicament et des dispositifs médicaux (ANSM), afin de débattre des bénéfices et des risques de tout nouveau dispositif médical notamment en imagerie médicale.